Ionesco

Mise en scène d’un existant spécial en son œuvre et en son temps : la formule retenue en sous-titre annonce une biographie où la voix d’Eugène Ionesco est constamment présente, où les événements, circonstances, anecdotes, rêves, que rapportent les journaux intimes et qu’exploitent les fictions dramatiques, sont en permanence mis en rapport avec les données objectives que fournissent les pièces d’archives, les coupures de presse, les mémoires des contemporains, les témoignages de comédiens, de compatriotes, d’amis, nous livrant ainsi, par touches successives, l’image d’un Ionesco aussi attentif à occuper la scène que soucieux de préserver son quant-à-soi.

Prolixe en confidences publiques, pour la plupart ignorées de son public de théâtre, Eugène Ionesco se révèle à nous, pascalien de naissance, mystique déguisé en farceur mondain, homme de combat jouant le jeu du charme et de la séduction dans les salons parisiens, esprit brillant, jongleur de mots, armé d’humour, dévoré d’angoisse, confiant aux personnages de son théâtre le soin de présenter la pluralité des identités qui l’habitent, homme de doute mais surtout de foi, non point chantre de l’absurde, mais grand ressasseur de questions devant l’état du monde, poète de l’insolite, de l’étonnement d’être, de l’émerveillement au sein de l’être, se transportant dans la vie chargé de lourdes valises, partagé entre les élans ascensionnels et des pesanteurs telluriques.

QUELQUES CRITIQUES

LA CROIX. Bruno FRAPPAT. 5 février 2009.

Eugène ou comment s’en débarrasser.
Cherchez la faille et vous trouverez le secret du talent, voire du génie. Cherchez l’enfant et vous trouverez l’homme mûr (c’est-à-dire un enfant définitif). Cherchez le père et vous trouverez le fils…
C’est le cas avec Eugène Ionescu (dit Ionesco), à qui André Le Gall consacre une longue et passionnante biographie, avec le « tact » que l’on doit à un mort récent (né en 1909, Ionesco est mort en 1994). Ainsi le biographe s’interdit-il des considérations ou des fouilles archéologiques dans les poubelles, les livres de comptes, les amours illicites de son personnage. Il laisse cela aux biographes du futur. Il reste donc des petits secrets, sans doute, à éclaircir plus tard. On doute cependant qu’ils transforment radicalement la vision que l’on peut avoir d’Eugène Ionesco telle que nous la propose André Le Gall, tant celui-ci est allé, avec délicatesse, érudition et talent (jusqu’à des pages d’un lyrisme magnifique) au plus près de l’âme de son héros, de son sujet…
Les derniers chapitres de la biographie, bourrée de citations tirées des journaux intimes et des œuvres autobiographiques ou de témoignages de proches, indiquent que cette recherche (la recherche du Dieu caché) fut au centre de la vie et de l’œuvre de Ionesco, les deux étant intimement liées…
Il est l’auteur français moderne le plus joué sur les scènes du monde. André Le Gall nous aide à comprendre pourquoi.

LE FIGARO LITTERAIRE. Bernard MORLINO. 22 février 2009.

Une biographie fleuve… (qui) rend hommage à celui qui, en même temps que Samuel Beckett, révolutionna le théâtre d’après-guerre, avec son irrésistible comique délirant.

FREQUENCE PROTESTANTE. Frank LESTRINGANT. 28 février 2009.

…véritable chef-d’œuvre…

LE MAGAZINE LITTERAIRE. Pierre ASSOULINE. Février 2009.

Ionesco, sous le cuir du rhinocéros.
Ainsi le traite André Le Gall dans cette biographie, qui est vraiment à la hauteur de son sujet. Non seulement parce qu’elle le suit à la trace, mais parce qu’elle l’épouse dans ses dimensions successives. Il est fidèle à la lettre comme à l’esprit de son grand homme. Aussi s’autorise-t-il de temps à autre, dès l’incipit, quelques pages de mise en scène du biographe aux prises avec ses fantômes mêmes ; de ces dialogues astucieusement menés entre L’orateur, Une voix, L’intervenant extérieur et Le héros surgissent des vérités qui fussent demeurées inexprimées par la plume contrainte du biographe…
Que ce soit dans les belles pages sur la Roumanie de l’entre-deux-guerres, aimable république des lettres et théâtre de convulsions meurtrières, sur le « petit Paris » humaniste recréé à Bucarest en pleine fournaise, sur l’aversion du jeune Ionesco pour la Garde de fer fasciste et son ombre portée dans Rhinocéros …, sur sa résistance aux coups de folie de l’époque, sur son séjour à Vichy de 1942 à 1944 en qualité de diplomate à la légation roumaine (attaché de presse, secrétaire culturel, puis secrétaire principal), André Le Gall se tient en équilibre sur cette ligne de crête qui permet les analyses les plus fines…
Par le passé, André Le Gall eut déjà à traiter en biographe, pour la même maison, Corneille, Pascal et Racine. C’est dire s’il tient implicitement Ionesco pour un classique moderne…

LE FIGARO MAGAZINE. Stéphane HOFFMANN. 28 mars 2009.

Ionesco est éternel.
Mort le 28 mars 1994, Eugène Ionesco aurait eu 100 ans cette année. Un double anniversaire qui s’accompagne de la parution d’un portrait signé André Le Gall (après ceux, excellents, qu’il a consacrés à Corneille, Racine et Pascal). Plus qu’à une évocation anecdotique d’une existence, c’est à une biographie de l’œuvre qu’André Le Gall se livre : dans les textes, il trouve la vraie vie d’un auteur inclassable et irrécupérable, ayant toujours gardé un sens aigu de la liberté…
André Le Gall nous présente aussi le Ionesco intime. L’enfant blessé par l’abandon du père, l’amoureux de Rodica, le chrétien fervent, confident du père Carré, auteur d’un livret sur Maximilien Kolbe…
Comme tout biographe fraternel, André Le Gall parvient à faire partager sa passion pour l’homme dont il parle.

OUEST-FRANCE. Georges GUITTON. Mars 2009.

Eugène Ionesco, un « existant spécial ».
Natif de Guingamp, spécialiste du théâtre et déjà auteur de biographies de Racine et de Corneille, André Le Gall se montre à la hauteur de l’écrivain et de ses tumultes. Il réussit parfaitement son projet de « mise en scène d’un existant spécial en son œuvre et en son temps ».

LE POINT. Valérie LA MESLEE. Mars 2009.

Ionesco ne mourra jamais.
On le retrouve aussi dans le livre d’André Le Gall, qui redonne toute sa mesure et une présence remarquable au Roumain amoureux de la France.

Irène SADOWSKA GUILLON. Avril 2009.

http://theatredublog.unblog.fr/
Une biographie remarquable, empreinte de l’esprit ionesquien qui se lit comme un roman d’une vie. Elle est complétée par d’abondantes notes, une bibliographie, un index et un cahier de photos. Un ouvrage indispensable pour découvrir ou redécouvrir la figure paradoxale et l’œuvre de Ionesco dont on célèbre cette année le centenaire de naissance.

JUDAIC FM. Olivier FREDJ. 7 avril 2009.

…particulièrement agréable à lire…

LE COIN DES LIVRES par Catherine GARY.

Ionesco.
Cette enquête étonnamment documentée nous plonge aussi dans une effervescence culturelle fertile où se croisent les artistes et intellectuels qui ont jalonné une bonne partie du XXème siècle. Passionnant.

STUDIO THEATRE. Laure ADLER. 11 avril 2009.

…Livre absolument passionnant… absolument formidable…

LE MONDE. Fabienne DARGE. 3 juillet 2009.

Une belle biographie de l’auteur de « Rhinocéros », qui aurait eu 100 ans cette année.
…remarquable biographie d’André Le Gall, déjà signataire de sommes
indispensables sur Corneille, Pascal et Racine… La biographie de Le Gall est la
première fusée d’une série de célébrations qui auront lieu à l’automne. Voilà donc
« Eugène »  tel que son portraitiste le saisit, jonglant avec ses masques.

Dans son théâtre, dans ses nombreux écrits autobiographiques,  
en « observateur objectif de sa subjectivité », Ionesco a toujours voulu plonger dans
un « moi » pétri de rêves, d’images inconscientes.

La réussite de l’ouvrage tient à la manière dont le portraitiste de cet
« existant spécial » tisse la vie et l’ oeuvre, sans jamais tomber dans
l’anecdote. L’enfance : Roumanie – France, allers-retours… Formidables pages
sur la Bucarest des années 1920- 1930, dans laquelle s’inscrit un Ionesco
en guerre contre le père…

Cette biographie en empathie avec son sujet, mais sans complaisance,
a le mérite de faire un point précis sur des épisodes restés assez obscurs…

André Le Gall dessine par petites touches le portrait d’un Ionesco déchiré
entre l’angoisse et le bonheur de créer, entre la grâce et la chute…. L’absurde ?
Non: « Il est absurde de dire que le monde est absurde. » L’« insolite » de la vie,
plutôt. Les soubassements de l’oeuvre : le rapport au mythe, la recherche
d’archétypes. Les obsessions : la mort, la beauté…